Mais bientôt, se ravisant, on eut honte d’être tenu en échec par relativement si peu de monde. On se dit de rang en rang qu'on valait bien peu si on ne parvenait à faire cesser ou changer le cri défiant parti de la forteresse. Et l'assaut reprit de toutes parts avec une vigueur telle qu’il enleva la place, aussitôt livrée aux flammes.
On avait ensuite toute facilité pour réduire ceux du Val, incapables de tenir devant le nombre écrasant adverse. On pouvait se payer contre eux des exploits faciles. Le comte Rouge donna l'exemple. Irrité de la longue résistance éprouvée, Il prit dans ses mains la grosse hache, et protégé par son armure, se mit à froisser, briser, pourfendre tout ce qui se trouvait devant lui “et rompant hos, bras, hermez, sallades et testes, si que sang, chair et cervelles voloyent parmi le champ fit des païsans si grand chapple ” qu’il paraissait infatigable dans sa soif de vengeance. En même temps il exhortait ses gens d’arme à l’imiter. Par tant de fureur ils semèrent l’épouvante au milieu de nos pauvres montagnards qui cherchèrent leur salut dans la fuite mais qui “furent chace détranchies, tallies, occis et le val mis à sacquemant et exil si angoisseux" que l’on perçoit l’intention du comte à l’égard des Valaisans. Il le manifesta encore davantage par le sort infligé aux 2 grands enfants de Pierre de Rarogne saisis à Beauregard et que l'on sait par ailleurs être Petermann et Heinzman. Il les fit décapiter et leurs corps pendre par quartiers devant les villes et dans les croisements chemins.