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Chronique savoyarde

Le chroniqueur Perrinet Dupin, retrace  en détails cette prise de Beauregard:
Les Anniviards, voyant l’envahisseur se diriger contre eux se levèrent pour secourir leur seigneur (Rarogne) et tâchèrent d’arriver au fort où il se trouvait,   en se frayant un chemin assez haut. Mais la colonne qui était restée en bas avec le comte Rouge, s’était donné pour mission d’empêcher cette jonction. A son tour elle monte rapidement sans se débander, et barre le passage. Les Anniviards poussèrent un grand cri, afin d'avertir Pierre de Rarogne de venir à leur aide; puis ils ne craignirent pas d'attaquer. Ils ne savaient pas que leur chef, quoique fort bien armé et accompagné dans son château, était aux prises avec l'autre division ennemie non moins fournie pour réussir. 
La mêlée est rude; ceux de la vallée n'en peuvent plus. Un des leurs pousse un nouveau cri très angoissant. Pierre qui la 1ère fois a cru entendre l’annonce d'un renfort, comprend maintenant   au "démené de la voix" la vraie situation et perd l'espoir d'un secours. Néanmoins, ne voulant pas décourager ceux qui combattent pour lui sur l'autre front, il leur répondit d'un ton joyeux, comme s'il allait bientôt se porter à leur rencontre, afin que la lutte à l'issue encore indécise ne cesse point. On crut   vraiment du côté savoisien devoir parer à une sortie et on prit des mesures en conséquence.

Mais bientôt, se ravisant, on eut honte d’être tenu en échec par relativement si peu de monde. On se dit de rang en rang qu'on valait bien peu si on ne parvenait à faire cesser ou changer le cri défiant parti de la forteresse. Et l'assaut reprit de toutes parts avec une vigueur telle qu’il enleva la place, aussitôt livrée aux flammes.  
On avait ensuite toute facilité pour réduire ceux du Val, incapables de tenir devant le nombre écrasant adverse. On pouvait se payer contre eux des exploits faciles. Le comte Rouge donna l'exemple. Irrité de la longue résistance éprouvée, Il prit dans ses   mains la grosse hache, et protégé par son armure, se mit à froisser, briser, pourfendre tout ce qui se trouvait devant lui “et rompant hos, bras, hermez, sallades  et testes, si que sang, chair   et cervelles voloyent parmi le champ fit des païsans si grand   chapple ” qu’il paraissait infatigable dans sa soif de vengeance. En même temps il exhortait ses gens d’arme à l’imiter. Par tant de fureur ils semèrent l’épouvante au milieu de nos pauvres montagnards qui cherchèrent leur salut dans la fuite mais qui “furent chace  détranchies, tallies, occis et le val mis à sacquemant et exil   si angoisseux" que l’on perçoit l’intention du comte à l’égard des Valaisans. Il le manifesta encore davantage par le sort infligé aux 2 grands enfants de Pierre de Rarogne saisis à Beauregard et que l'on sait par ailleurs être Petermann et Heinzman. Il les fit décapiter et leurs corps pendre par quartiers devant les villes et dans les croisements chemins.

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